Revue de presse : « Pourquoi les réseaux sociaux impactent les adolescents : les conseils d’un psychiatre aux parents »

Retrouvez l’article de La Dépêche du Lot, paru le 15 novembre, concernant l’influence des réseaux sociaux, et notamment TikTok sur le comportement de nos ados avec le Docteur Edmond Manouélian, psychiatre et chef de pôle nord du Lot à l’hôpital Jean-Pierre Falret, Institut Camille Miret.

De Aouregan Texier (Journaliste)

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Début novembre, sept familles françaises ont assigné TikTok en justice, affirmant que le réseau social a causé le suicide de deux de leurs enfants. Le collectif « Algos Victima » reproche à TikTok d’avoir exposé ces jeunes à des contenus promouvant le suicide, l’automutilation et les troubles alimentaires. Comment les réseaux sociaux influent sur le comportement de nos ados ? La réponse avec le Docteur Edmond Manouélian, psychiatre et chef de pôle nord du Lot à l’hôpital Jean-Pierre Falret, institut Camille Miret.

 

Selon lui, les réseaux sociaux ont une influence sur le développement de la personnalité chez les jeunes. « Nous sommes dans une ère d’hyper communication. Nous sommes tous, plus ou moins, connectés à des écrans. C’est devenu une manière incontournable de communiquer », constate le Docteur. Pour se construire, un enfant regarde d’abord ses parents, puis l’entourage proche, puis arrive l’école et les copains. Le premier élément à regarder, c’est donc le modèle parental. « Quand les parents passent leur soirée sur leur téléphone, il est difficile de dire aux petits de ne pas faire la même chose », assure le chef de pôle.

Plus tard, il y a aussi l’effet de cohorte des adolescents. Quand tout le monde a un téléphone, difficile pour un jeune de ne pas faire la même chose, au risque de se sentir exclu.

« Cela entraîne une anxiété voire une grave dépression chez les adolescents »

 

Et lorsque l’adolescent construit son identité, les réseaux sociaux viennent y créer une brèche « grave ». À noter qu’un jeune entre 12 et 15 ans passe, en moyenne, deux heures sur les réseaux. « 24 heures sur 24, avec du contenu tantôt positif, tantôt négatif, tantôt neutre, on peut venir impacter le développement de la personnalité de l’adolescent », décrit Edmond Manouélian. Ce dernier prend l’exemple du harcèlement scolaire : « Avant, l’enfant rentrait chez lui, il était peinard. Aujourd’hui, le harcèlement continue sur les réseaux sociaux. En plus, c’est anonyme. La dimension perverse des interactions est amplifiée par les réseaux ».

 

Une situation qui peut amener certaines complications chez les jeunes. « Selon une étude récente, cela entraîne une anxiété voire une grave dépression chez les adolescents, et de mise en échec de leurs qualités affectives », poursuit le psychiatre. Ses équipes pédopsychiatriques constatent, depuis plusieurs années, trois à quatre fois plus de demandes de prises en charge d’adolescents. « Je suis persuadé qu’il n’y a pas trois ou quatre fois plus de jeunes avec des troubles psychiatriques. Simplement, ils sont en souffrance. Et les causes de cette souffrance sont pluri-factorielles. Je crains que la psychiatrie soit une réponse unique, et forcément insuffisante puisque le diagnostic de fond ne sera pas posé. Je crains cette tendance naturelle à trouver une origine psychiatrique à la souffrance des adolescents alors qu’il n’y a pas que celle-là », explique-t-il.

 

L’effet de cohorte rentre également en jeu dans la souffrance ressentie par les adolescents. « Il s’agit de reproduire la souffrance d’autres. Il y a trois ou quatre ans, à Figeac, nous avons eu beaucoup de tentatives de suicide dans un même lycée. Cela se transmettait sur les réseaux sociaux et ça partait en feu de paille. Il faut être très attentif à ça », insiste le psychiatre.

 

Alors, comment faire pour éviter cette brèche ? « 

En Australie, ils ont interdit l’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans. C’est une bonne piste. La loi doit mettre une limite », affirme le Dr Manouélian. Pour ce dernier, il faudrait également mettre en place des campagnes d’information et de prévention, et investir politiquement. Le but serait d’armer les parents, qui gardent le pouvoir éducatif. De son côté, le psychiatre est vigilant quand ses équipes pédopsychiatriques lui demandent des outils avec écrans, en demandant s’il n’existe pas des alternatives. Et comment faire pour éviter qu’un adolescent regarde tel ou tel contenu ? Le Dr Edmond Manouléian : « C’est impossible, on ne pourra jamais empêcher un adolescent d’accéder à tel ou tel contenu. Par exemple, les images pornographiques. La confrontation est inévitable. Mais le problème se joue en amont ».

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Ludovic LAFON                                                                                                               

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