« Les patients qui souffrent de troubles psychiatriques ont leur place dans la société »

L’Unité de Soins Prolongés (USP) du Centre Hospitalier Jean-Pierre Falret de l’Institut Camille Miret accueille des cas de troubles mentaux lourds. Gittel Bakangiado, cadre de santé à l’ICM, est arrivée il y a quelques mois pour prendre en charge l’unité. Elle nous raconte pourquoi elle a choisi le Lot et l’ICM pour y travailler. (1ère Partie)

Quel est votre parcours et pourquoi le Lot ?

Ce que je souhaitais principalement, c’était travailler en psychiatrie notamment parce que j’ai été élevée par des infirmiers en soins psychiatriques.

Je suis plutôt parisienne et j’ai travaillé essentiellement en santé mentale et en psychiatrie. J’ai travaillé dans des unités ouvertes, fermées, en rééducation psychosociale, et je suis cadre de santé depuis 2017.

Au bout d’un moment, cela devient difficile de travailler et de vivre en région parisienne. Il y a beaucoup de monde et trop peu de verdure. C’est pour cela que ce projet de venir dans le Lot a vraiment été un projet de famille. Nous voulions partir en province.

Il nous fallait de l’eau, de la verdure et c’est ce qui a aussi guidé notre recherche. Mais c’était aussi, pour moi, d’avoir l’opportunité de trouver un emploi en tant que cadre.

Puis nous sommes venus ici, dans le Lot, durant des vacances scolaires. A partir de là, nous avons décidé de nous y installer.

Qu’avez-vous trouvé à l’Institut Camille Miret ?

La grande différence avec ce que je connaissais, c’est que l’Institut Camille Miret est globalement à taille humaine, ce qui permet de pouvoir se voir et se rencontrer. La grande différence que j’ai aussi constatée, c’est le rythme.

Où j’étais, à Paris, c’était un rythme effréné tout le temps alors qu’ici, oui en effet, même si l’on fait un peu de route pour aller d’un endroit à un autre, ce n’est tout de même pas la même chose que de prendre le périphérique.  La différence, c’est aussi clairement le travail que l’on peut faire en collaboration avec nos collègues et tous les services support.

C’est vraiment très agréable de sentir qu’on peut toquer à n’importe quelle porte, et que l’on obtient une réponse pratiquement dans la journée ou au plus tard, le lendemain. Ce qu’il faudrait peut-être, c’est permettre aussi aux professionnels de pouvoir aller dans d’autres unités, en fonction de leur demande aussi.

Il y a énormément de choses qui peuvent être mises en place pour que les gens puissent mieux se connaître et se rencontrer en dehors de l’utilisation unique du téléphone.

Cela-a-t-il été compliqué de vous installer ici ?

Non ! Je fais partie des spécialistes un peu difficile à trouver, donc cela a été simple.

En ce qui concerne le logement, nous avions aussi un projet d’achat. Cela fait partie de notre projet de vie. Il est certain qu’avec notre budget, cela aurait été compliqué d’acheter à Paris.  Après, pour tout ce qui concerne le logement, je pense souvent aux jeunes professionnels. Il est difficile de s’offrir une location en attendant de pouvoir mettre de l’argent de côté pour pouvoir acheter.

Ici, tout a été mis en place par l’institut pour que je puisse prendre le temps de m’installer. Cela a été un vrai bénéfice. On a une petite maison dans l’établissement, en attendant qu’on puisse acheter notre maison, et cela est vraiment très confortable.

C’est une forme de qualité de vie : avoir la possibilité de vivre dans une maison en attendant de pouvoir en acheter une. Parce que là-bas, lorsque l’on est jeune parisienne et même si l’on a une maison, le budget reste serré.

Alors oui, j’insiste vraiment sur la qualité de l’environnement.

Je pense que les Lotois y sont habitués, mais pour nous, cela reste vraiment un émerveillement le matin quand on ouvre les fenêtres.

 

Pourquoi la question du sens du travail est aussi primordiale ?

Dans cet établissement, on remet du sens au travail en psychiatrie.

C’est-à-dire que l’objectif est vraiment celui-ci : coordonner, faire de la clinique. On veut aussi accompagner les patients pour, lorsque cela est possible pour eux, les faire vivre au sein même de la société.

 

Il faut que les patients trouvent aussi leur place dans notre société car l’on fait tous partie d’un collectif. Il faut que l’on parvienne tous à vivre les uns avec les autres, y compris avec des personnes qui ont des troubles psychiques pour lesquels on a des aprioris et des craintes.

Dans cet établissement, on travaille sur le fait qu’une personne qui souffre de troubles psychiatriques a, elle aussi, besoin de trouver sa place dans cette société.

Cela va bien au-delà de la bienveillance, c’est-à-dire que les patients qui souffrent de troubles psychiatriques ont effectivement leur place dans la société. Et l’on ne peut pas faire semblant de ne pas les voir.

L’important, c’est de comprendre pourquoi l’on fait telle ou telle chose de telle ou telle manière, et comment on peut le faire.  Souvent, les personnes savent le faire mais elles avaient oublié qu’elles étaient capables de le faire.

Il s’agit donc de revenir dans un premier temps sur des choses simples, ne serait-ce par exemple que se parler, se questionner, émettre des hypothèses, reprendre des lectures sur les grands maîtres de la pensée dans la psychiatrie.

Cela commence par là et puis finalement chaque personne connaît son périmètre de compétence et le tout cumulé permet qu’on puisse effectivement prendre en charge ensemble le patient.