« On constate une volonté de rendre notre évaluation en psychiatrie plus proche de nos spécificités »

L’Institut Camille Miret s’apprête à passer une certification complexe mais nécessaire pour assurer son financement. Nous nous sommes assis avec Jessica Yaméogo, psychiatre et présidente de la CME, pour une interview à Figeac, afin d’en savoir plus sur cette instance et ce qui attend l’institut en décembre.

Commençons par quelques rappels importants. Qu’est-ce que la CME ?

Dr Yameogo : La CME, c’est la Commission Médicale d’Etablissement. C’est une instance qui est en lien direct avec la direction des établissements de santé, M. Antetomaso, et la directrice générale, Mme Yonnet. L’idée, c’est de porter à travers cette commission la voix des médecins des établissements de santé pour participer au directoire sur les décisions autour de la communauté médicale. C’est un des champs d’actions de la CME.

Parmi les champs d’actions, la CME veille à ce que le projet d’établissement soit mis en place dans les conditions les plus favorables et que le projet d’établissement puisse être élaboré et respecté en lien avec ces instances (dont je vous ai parlé).

Le troisième volet, c’est la question de la qualité et de la certification. La CME veille à ce que les critères de qualité du soin soient mis en place et aident à ce que le processus de certification se fasse au mieux.

Parlons du processus de certification en détail, qui doit se dérouler cette année.

La certification aura lieu au mois de décembre 2024. C’est un processus qui concerne tous les établissements de santé, qui permet d’évaluer si tous les critères que la HAS (Haute Autorité de Santé) pose en matière de qualité du soin sont respectés. La certification a lieu tous les quatre ans, et un certain nombre de critères ont évolué. Nous apprécions la considération faite au parcours du patient, et que certains critères prennent en compte le ressenti du patient.

On constate une volonté de rendre notre évaluation en psychiatrie plus proche de nos spécificités. 

 

Comment ce processus se déroule-t-il ?

Notre service qualité nous aide à faire un état des lieux des éléments sur lesquels nous répondons aux critères, et ceux sur lesquels nous devons nous améliorer.

Notre travail, c’est de mettre en place des axes d’amélioration dans nos pratiques de soin, des médecins aux soignants. 

 

Comment sont choisis ces critères, sachant que la psychiatrie est un champ à part de la médecine ?

Justement, cette année est un peu une première. Nous allons voir comment la HAS va pratiquer ces évaluations de ressenti des patients, en suivant un patient-traceur. En sachant que, en fonction de la pathologie que va présenter le patient, en fonction du motif d’hospitalisation et du mode d’hospitalisation, le ressenti et le vécu ne vont pas être les mêmes. C’est rassurant pour nous car jusqu’à présent nos critères étaient très calqués sur ceux de la médecine générale et ne prenaient que peu en compte nos spécificités.

Vous avez parlé de patient-traceur, qu’est-ce que c’est ?

L’idée, c’est d’avoir un exemple de patient qui illustre le parcours de soin, du moment où le patient pousse la porte d’un CMP (Centre Médico Psychologique en ambulatoire) jusqu’au moment où il va avoir besoin d’une hospitalisation. C’est ce qui va se passer entre le centre de santé ambulatoire jusqu’à l’hospitalisation, et ensuite de l’hospitalisation jusqu’à l’ambulatoire. On va tracer un parcours, ça permet de voir si, à travers un parcours de soin, on remplit les différents indicateurs qui nous sont demandés.

Est-ce que le patient a été bien informé de ses droits ? Est-ce qu’au niveau de la prise de contact, les données ont bien été relevées ? Est-ce qu’il a bénéficié des traitements dans de bonnes conditions ?

Ça permet vraiment d’évaluer le parcours de soin, pas uniquement en faisant la photographie de ce qui se passe dans un service mais plutôt autour du patient.

Est-ce que la certification touche tous les établissements ?

Oui, chaque établissement a ses dates de certification. On n’est pas tous certifiés au même moment parce que du point de vue pratique, ce n’est pas réalisable. Ça devait avoir lieu au mois de mars, il y a eu un petit délai et ça aura lieu au mois de décembre. Là, on est en pleine préparation de ce moment, qui est un moment nécessaire.

C’est un moment qui permet de vérifier si les établissements de santé sont en accord avec les critères demandés par l’HAS sur le plan de la qualité du soin.